Arabes et Berbères - Elisée Reclus

Arabes et Berbères

Por Elisée Reclus

  • Fecha de lanzamiento: 2022-11-29
  • Género: Historia

Descripción

L'Arabie fut le premier foyer de l'immense empire fondé par les successeurs de Mahomet. C'est une vaste péninsule couverte en partie de déserts et baignée par trois mers : la mer Rouge à l'occident, la mer d'Oman et le golfe Persique à l'orient, la mer des Indes au midi. Par ses extrémités occidentale et orientale, cette péninsule touche à l'Afrique et à l'Asie...

La conquête des pays riverains de la Méditerranée était naturellement beaucoup plus désirable que celle des régions plus arides et moins riches de l’intérieur. Aussi se produisit-il un phénomène historique fort curieux, celui du refoulement latéral des populations chrétiennes de la côte vers l’intérieur. Tandis que les Arabes, très pressés, continuaient leur course vers l’Occident, les résidants nazaréens s’écartaient prudemment dans la direction du désert. Ainsi de l’Égypte, le christianisme avait remonté vers la haute Nubie et y avait conquis un territoire plus vaste qu’en la basse vallée du Nil. Vers l’an mil, Khartum était devenue la métropole de la religion du Christ dans le bassin supérieur du Nil, et l’on dit que ses églises étaient riches en or et autres objets précieux. Le dernier roi chrétien de la Nubie vivait au quinzième siècle, mais, deux cents ans après, on comptait encore des centaines de communautés chrétiennes ; il en exista même jusqu’à nos jours : c’est en 1886 qu’un évêque de Khartum, effrayé par les progrès du mahdi, licencia son église et que les derniers religieux se réfugièrent dans la basse Égypte.

De même, l’influence romaine, appartenant aux éléments les plus civilisés du littoral mauritanien, aurait été repoussée vers le sud lors des invasions arabes, et par suite de cette impulsion se serait encore fait sentir en plein Sahara au commencement du dixième siècle, puisque la ville de Siddrata fondée à cette époque par des fugitifs berbères ne présente dans son architecture et dans les ornements de ses édifices rien qui rappelle l’art oriental.

Les restes de sculptures berbères que l’on trouve dans les fouilles de cette ville du désert, voisine de la Ouargia actuelle, ressemblent d’une manière remarquable aux fragments chrétiens plus vieux de quatre ou cinq siècles recueillis dans les monuments du littoral, de Tunis à Oran, ainsi qu’aux constructions de la même époque appartenant au nord de la Méditerranée. C’est au onzième siècle, lors d’une deuxième invasion arabe, que l’Afrique, finalement détachée de l’Occident chrétien, aurait complètement cessé de vivre sur le vieux fond de la civilisation romaine.